jeudi 8 juin 2017

G comme Grand-mère

Eté 1997.
Un grenier.
Un carton rempli de vieux papiers.
Une écriture difficilement déchiffrable.
Mais un nom qui revient au fil des lignes manuscrites : Cavet.
C’est le nom de ma grand-mère.

1757, 1759, 1779, 1795, 1830.
Des dates anciennes et des mystères à découvrir.
Et au fur à mesure, on parvient à lire.
Une procuration, un contrat de mariage, un acte de naissance, un jugement de procès.

C’est vraiment par ces copies d’actes notariés, conservés par ma grand-mère, que j’ai mis le pied dans la généalogie. Elle avait décidé de mettre le nez dedans, et avec sa cousine de comprendre qui était qui.

Une mairie. Dieulefit.



Des registres d’Etat civil.
Et des actes. Et encore des actes.
Baptêmes, mariages, sépultures.
Protestants.
Pasteur, désert, terre profane.

Et des bouts d’arbres qui s’écrivent.
Charles fils de Jean-Louis.
Jean-Louis fils de Jean-Louis.
Jean-Louis fils de Jean-Charles.
Jean-Charles fils de Charles.

En peu de temps, une lignée définie.
Et un intérêt qui grandit.
Un virus qui s’insinue.
L’envie de toujours en savoir plus.
De découvrir ceux qui nous ont précédés.

De Dieulefit à Bourdeaux.
De Bourdeaux aux AD à Valence.
Le profil de la famille se précise.
Cultivateurs, drapiers, consuls.
De génération en génération.
De surprise en surprise.
De déceptions de ne pas trouver.

Et de persévérer encore et toujours.

mercredi 7 juin 2017

F comme Fromage

Comment parler de la famille Cavet sans évoquer l’activité actuelle des derniers porteurs du patronyme en Drôme ? C’est l’occasion de faire un peu de pub pour les cousins !

C’est après la première guerre mondiale que Paul Cavet fonde son entreprise. D’abord coquetier, il passait de fermes en fermes pour récolter les produits frais, et les revendre ensuite au marché.

 1932, Florentine Cavet devant son magasin, rue Neuve à Dieulefit.
Photo issue de Dieulefit de 1850 à 1940 de François Morin


Puis il se spécialisa dans l’affinage de fromages. Un petit fromage de chèvre fermier au lait cru, le picodon. Picaudon, Picaïdon, ou encore Picodon pour sa version francisé peut se traduire par "petit et piquant".

Les origines de ce fromage remontent au XIVe siècle et il bénéficie aujourd’hui d’une Appellation d’Origine Protégée.


mardi 6 juin 2017

E comme Ecriture du mémoire

Que vas-tu faire en fac d’histoire ? Ecrire une maitrise et après on verra.

C’était un projet que j’avais depuis très longtemps, depuis que j’avais commencé à retracer ma généalogie. Composer sur ma famille, une histoire dans l’Histoire. Et avec le temps passé dans les registres, tant au lycée qu’à l’université, j’avais déjà bien avancé.

Aussi quand j’arrivai en quatrième année de fac, je savais déjà très bien sur quoi allait porter mon mémoire. Il ne restait plus qu’à convaincre ma professeure. Et avec beaucoup d’organisation et de persévérance, trouver un fil conducteur. Cela faisait une bonne raison de se rendre aux archives départementales !

C’est ainsi que je mettais à profit mes quelques années de recherches drômoises pour rédiger mon mémoire de maîtrise d’histoire.

Mais il fallait aller plus loin que des dates et des lieux. Visualiser le mode de vie de mes ancêtres, leurs conditions de travail, les relations sociales, leurs voyages. Grâce aux indispensables et précieux registres notariaux.

Et après un an d’allers-retours entre les AD de Valence et la Sorbonne, j’avais abouti.




Et c’est avec ce mémoire, et à divers brouillons précédents, que je peux participer cette année au ChallengeAZ !

lundi 5 juin 2017

D comme Draperie

La majorité des membres de la famille Cavet travaillait dans la draperie aux xviième et xviiième siècles.

Pierre Cavet, né dans les années 1630 à Bourdeaux, apparaît comme un homme important au sein de la communauté, dans la mesure où il est consul du village, et surtout, il est l’un des marchands drapiers les plus connus et les plus actifs, à en juger par les quittances trouvées dans les archives notariales du village : On trouve, en effet, 17 actes d’obligation en faveur de Pierre Cavet dans les registres des notaires de Bourdeaux entre 1662 et 1668, dont 8 pour la seule année 1663. Pierre Cavet est encore qualifié de marchand drapier en 1682.

Cette région fut un des centres les plus actifs de la draperie. A Dieulefit, la première mention d’un tisseur est faite en 1377. A la veille de la Révolution, 75 villages des alentours, des régions du Diois, de la Haute Provence, des Baronnies, du Nyonsais, du Comtat Venaissin, de la Valdaine et du Tricastin, dépendent de l’entrepôt de Dieulefit. La production atteint alors 26.000 pièces.

De nombreux métiers autour de la draperie se développent : les cardeurs qui démêlaient les fibres, des parandiers qui foulaient le drap dans une cuve de bois pour laver la pièce de tissu, des foulonniers qui exécutaient la même activité que les précédents, les teinturiers, ou encore les chapeliers.

Pour que la draperie se développe, il existe des conditions nécessaires. L’existence de pâturages de qualité où l’herbe y est abondante est essentielle. C’est le cas à Bourdeaux, où de nombreux prés sont à la disposition des villageois. Il faut qu’il y ait un cheptel ovin très important. Chaque ferme possède son troupeau, souvent associé avec les chèvres qui adoptent facilement les agneaux orphelins. La présence de l’eau est également nécessaire pour le lavage de laine brute, la teinture, les foulons et le lavage des tissus finis.

A Bourdeaux, les Cavet habitent à la lisière de ruisseaux qui avaient donc leur utilité.

La production de pièces de drap y est de différents types :
- ratines : étoffe de laine croisée, soit drapée ou apprêtée en drap, soit à poils non drapée, soit à poil frisé à l’endroit.
- sergettes : étoffe de laine mince, étroite et légère faite de tissu croisé et uni présentant des sillons obliques séparés par un fil.
- finettes : cotonnade au tissage croisé présentant le côté endroit lisse à petites côtes croisées ou à chevrons, et le côté envers pelucheux.


samedi 3 juin 2017

C comme Charles, le prénom star

Il y a des prénoms qui marquent des généalogies et rendent compte de la sociologie de la famille. Chez les Cavet, il y a les prénoms d’inspiration biblique, à consonance protestante, comme Moïse, Paul, Pierre ou Jean.
Il y a aussi les prénoms vedettes : Charles et Aimé, représentés dans la descendance des Cavet à 17 reprises, et avec des dérivés, comme Jean Charles par exemple.
J’ai voulu évoquer les Charles car ils apparaissent comme des véritables patriarches, qui ont marqué leurs époques.

Et principalement mon ancêtre Charles Cavet (1707-1773). Il était drapier, comme la plupart des membres de la famille à cette époque, et seul héritier d’Aimé et Anne Garnier.

Charles Cavet s’est marié à deux reprises. D’abord avec la fille d’un chirurgien de Dieulefit, le 20 juin 1730.

Source AM Dieulefit

Puis, veuf, il se remarie avec la fille d’un apothicaire de Livron, le 15 juin 1738.

Source AM Livron-sur-Drôme

Deux unions en dehors de son cercle professionnel. Illustration de l’exogamie sociale et spatiale.

Charles est à l’origine des branches Cavet qui portent encore le patronyme aujourd’hui en Drôme, via ses trois fils : Jean Charles (de son premier mariage) et Jacques Aimé et Louis Aimé, de sa seconde union.

On voit là aussi la répétition des prénoms, Charles et Aimé.

Une répétition que l’on retrouve plus loin dans la descendance. Notamment Charles Louis (1847-1934) père de Charles Albert (1886-1970). Ou encore Jacques Charles Maurice (1762-1840) père de Jacques Aimé (1791-1839), père lui-même de Jacques Charles Aimé (1820-1859), père de Antoine Charles (1856-1895) et Louis Aimé (1859-1902).

vendredi 2 juin 2017

B comme Bourdeaux

Bourdeaux, c’est le berceau de la famille Cavet en Drôme. On a vu que c’est là que vivait Antoine en 1599. Mais que dire sur ce petit village aujourd'hui ?


C’est un chef-lieu de canton comprenant neuf communes. Bourdeaux fait partie de l’arrondissement de Die. La superficie du village est de 2 311 hectares. Avec une altitude moyenne de 407 mètres, Bourdeaux est un village de basse montagne. Deux cours d’eau le traversent. Tout d’abord la Bine coulant depuis l’Est, venant de Bézaudun, et se jetant dans le Roubion à la sortie du village. Le Roubion vient de Crupies au Sud-Est, parcourt Bourdeaux et continue en direction du Nord-Ouest, vers le village de Mornans. Si Bourdeaux comptait plus de mille habitants au xixème siècle, on n’en dénombre plus qu’environ 600 aujourd'hui.

Bourdeaux : le Pont et l’ancien Château féodal

Au cours de mes recherches, j’ai pu comprendre que Bourdeaux était un village qui consacrait son activité au travail de la laine et à la fabrication de serge et de petite étoffe. Bourdeaux jouait le rôle de marché, avec six foires l’an.

Au xviiième siècle, Bourdeaux appartient à la subdélégation très étendue de Crest, qui comptait quatre-vingt-dix-neuf communautés. Le seigneur du village était l’évêque de Die. Gaston Barnier nous rend compte de la visite à Bourdeaux du seigneur-évêque à cinq reprises, au moins.
Le représentant du seigneur dans le village est le châtelain. Il est son véritable fondé de pouvoir au sein de la communauté. Son rôle est de surveiller le bon fonctionnement des rentrées des impôts, ainsi que de maintenir l’ordre dans la cité. A Bourdeaux, les membres de la famille Brun Larochette, dont une branche fonda une lignée de notaires, sont châtelains au xviiième siècle. Outre ces fonctions, le châtelain s’occupe de réunir l’assemblée des villageois pour l’élection des consuls.

Ces derniers sont les vrais administrateurs de la communauté. Ils sont donc élus par les chefs de famille, chaque année. La présence de tous est obligatoire, en général, mais on trouve certaines assemblées comptant peu de chefs de feux. Ainsi, Paul Cavet y assiste en 1648 et en 1651. On élit deux consuls qui ont deux objectifs majeurs : l’administration de la communauté et la gestion du budget, et la répartition et la collecte des impôts. On constate que ce sont les mêmes familles qui se partagent le consulat à Bourdeaux. C’est en général la bourgeoisie aisée ou riche qui occupe cette fonction. Certains Cavet en ont été.

Enfin, Bourdeaux demeure un village protestant. Et on y reviendra dans quelques jours... 

jeudi 1 juin 2017

A comme Antoine

Commençons donc ce challenge par le début, et le début c’est celui que je suppose être à l’origine de la généalogie drômoise des Cavet : Antoine Cavet.

Son nom est cité dans un contrat du 4 juillet 1599 (AD Drôme, 2 E 17100, Maître Chabane).

Le 4 juillet 1599 devant Me Pierre Chabanne, notaire à Bourdeaux. Transaction passée entre Christol Gresse demandeur d'une part, Jean Rodes défendeur, Pierre et Etienne Blanc frères, Antoine Cavet et Anne Blanc mariés, aussi défendeurs, d'autre part.

La famille Cavet se trouve dès la fin du XVIème siècle à Bourdeaux comme en témoigne cet acte de 1599 citant Antoine Cavet et Anne Blanc, mariés de Bourdeaux. Mais je n’ai rien trouvé d’autres concernant ce couple.

Aucune trace avant ou après. Il ne fait pas partie de la liste des feux en 1550, citée par Gaston Barnier, dans son Bourdeaux, « Pays » protestant et républicain. Vingt siècles d’histoire. On peut donc supposer qu’Antoine Cavet est arrivé dans la deuxième moitié du XVIème siècle.

D’un point de vue de l’étymologie du patronyme Cavet, plusieurs hypothèses sont exposées.

Selon un dictionnaire d’étymologie, on peut trouver que « cavet » est une petite grotte, une anfractuosité, un petit fossé.

Un « cavet » est un terme d’architecture signifiant moulure rentrante, en biseau légèrement incurvée, pour l’ornement des corniches d’architecture et pour les bordures de menuiserie.

L’auteur René Gillouin (1881-1971), descendant de la famille par sa mère Mélina Cavet, affirmait, dans les années cinquante, être remonté jusqu’à un ecclésiastique italien nommé Cavetti qui, au moment de la Réforme, aurait adopté les idées de Luther et Calvin, serait venu en France et aurait francisé son nom en Cavet.
Cette dernière supposition est possible, si on imagine cet ecclésiastique italien passant par la Savoie, peu éloignée de la Drôme. Le patronyme Cavet est encore bien représenté dans le département de Haute Savoie.