vendredi 8 mars 2019

Le mystère des fils Arnaud

Travailler en généalogie descendante apporte régulièrement son lot de frustrations et d'énigmes. Qu'est devenu la dernière fille de la fratrie dont on ne retrouve pas le décès dans le village ? Est-elle devenue religieuse à l'autre bout de la France ? Peut-être est-elle montée à la grande ville, accoucher sous un faux prénom ? Ou alors elle est placée comme domestique dans un village un peu plus loin ?
Tout un tas de possibilités s'offrent au chercheur, et tout se complique quand le patronyme est courant.

C'est le cas qui m'occupe, et me préoccupe, aujourd'hui.

Laurent Arnaud (1777-1837) travaille le tissu comme beaucoup à Dieulefit (Drôme) à cette époque. Il se marie jeune, à l'âge de 20 ans avec Jeanne Marie Chavagnac. Après 13 grossesses, 5 enfants parviennent à l'âge adulte.
Veuf, Laurent Arnaud se remarie avec Victoire Barnier en 1828. Il a 51 ans et cela ne l'empêche pas d'avoir 3 autres enfants, 2 garçons et 1 petite fille qui ne vécut que quelques jours.

Voilà ce que l'on sait des enfants vivants de Laurent Arnaud :

De son premier mariage :
- Jean Pierre Laurent né le 19/10/1803 à Dieulefit
- Jean Antoine né le 27/06/1808 à Dieulefit
- Jean Henri né le 08/02/1811 à Dieulefit
- Joseph né le 02/04/1816 à Dieulefit
- Jean Michel né le 27/04/1817 à Dieulefit

Et du second mariage :
- Pierre né le 22/02/1829 à Dieulefit
- François né le 03/12/1834 à Dieulefit

Cela fait donc 7 fils, tous présents dans le recensement de 1836.

Source : AD26 / 6 M 270 - 1836 (page 92/169)

On note qu'il manque Jean Antoine Arnaud qui se marie cette même année 1836 à Dieulefit avec Louise Noyer. Il fonde un foyer dans le village et est le seul fils Arnaud à y rester.
Les grands enfants sont tous notés "en voyage" alors que les fils du deuxième mariage, petits, vivent avec leurs parents.

Dans le recensement suivant, en 1841, le patriarche est décédé et sa veuve Victoire Barnier vit avec Louis Geneston qu'elle épouse quelques années plus tard.

Source : AD26 / 6 M 270 - 1841 (page 92/169)

Les grands enfants Arnaud ne sont plus là, et il n'y a que François qui vit avec sa mère. Le petit Pierre n'est pas là. Alors que dans le recensement de 1846 il est noté "absent".

Source : AD26 / 6 M 270 - 1846 (page 35/146)

En 1851, plus aucun enfant Arnaud n'habite dans le foyer Geneston-Barnier.

Mais alors que sont devenus les fils Arnaud ? Sur les 7 fils :
- Jean Antoine est resté à Dieulefit ;
- François, le dernier, devenu moulinier en soie, décède en 1885 à Montségur sur Lauzon après deux mariages.
- Jean Michel décède à l'asile Saint Jean de Dieu à Lyon en 1856, célibataire.

J'ai pu retrouver cet acte de décès grâce à Filae. Mais impossible, pour le moment, d'en savoir plus sur les 4 autres fils Arnaud : Jean-Pierre, Henri, Joseph et Pierre. Pas de trace dans les publications de mariage à Dieulefit, pas plus via Généanet et sur Filae la recherche est complexe du fait du très grand nombre de résultats et des variantes possibles (Arnaud/Armand).

Alors si quelqu'un a croisé dans ses recherches un de ces fils Arnaud, qu'il n'hésite pas !

vendredi 30 novembre 2018

Z comme Zarat


Un patronyme qui commence par un Z attire forcément l'attention.

Le 14 octobre 1704, au fin de fond de la Bourgogne, se marie Françoise Siredey, fille d'un laboureur de Bure... avec un étranger.

Son mari est venu d'une petite île de la Méditerranée. Presque d'Afrique. Le curé l'appelle Mathieu Zarat. Il est originaire de Malte.

Source : AD21 / Bure-les-Templiers

L'île de Malte est à cette époque sous la domination de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les Hospitaliers ont justement installé une commanderie à Bure et c'est certainement par ce biais que Matteo, natif de Tarxien, à quelques kilomètres de La Valette, est passé dans le royaume de France.

Menuisier et marchand, il est à l'origine d'une descendance nombreuse dans la région de Châtillon-sur-Seine. Son petit-fils Joseph Zarat, né en 1750 à Bure épousa Marie Bertrand (1758-1844), la fille d'Edmé Bertrand, cousin issus de germains de mon ancêtre Marie Bertrand.



jeudi 29 novembre 2018

Y comme ParentY


Le 16 juin 1868 à Audresselles nait Edmire Onésime Joseph Léon Parenty. Nous sommes dans le Pas-de-Calais, sur les bords de la Mer du Nord.

Source : AD62

A 20 ans, il entre au service des Douanes. Il est surnuméraire à Boulogne sur Mer, et deux ans plus tard il est commis à Rouen. Grâce à son dossier des Douanes (transmis par l’entraide du Fil d’Ariane que je remercie encore ici), on sait qu’il parle anglais et allemand.

On le retrouve ensuite vérificateur adjoint des douanes en 1896 quand il se marie avec une angevine, Anna Félicie Guide. Le mariage est célébré à Philippeville, en Algérie.

Source : ANOM

Des bords de la Mer du Nord aux rivages de la Méditerranée, Léon Parenty fait ainsi partie des colons qui se sont installés en Algérie. Il y est mort en 1943, après avoir eu des descendants, revenus plus tard en France.



mercredi 28 novembre 2018

X comme SusseX


Le 4 juillet 1799 à Easebourne au nord de Portsmouth nait William Cartwright, fils de John et de Ann Cartwright. Prénom anglais, patronyme anglais, famille anglaise. Jusque là, rien de bien anormal.


Sauf qu'on le retrouve domestique dans l'Aisne en 1828. C'est à cette date qu'il se marie à Folembray. Il a probablement pris le bateau à Brighton pour traverser la Manche et arriver en France. Avant de rejoindre cette région du Nord de Paris : l'Aisne. Mais comment est-il arriver là ? Peut-être a-t-il rencontré Pierre Lefevre, un marchand épicier, sur la route entre Laon et Paris ? Et quand ce dernier décède en 1827, William épouse sa veuve, Adélaïde Dasse.


C'est en tout cas ce qui se passe. Et vraisemblablement la navette entre Folembray et la région parisienne se faisait assez régulièrement. A la naissance de Marie Cartwright à Folembray en 1832, son père réside à Paris. Deux ans plus tard, la famille est à Villiers-sur-Marne.

En 1837 à Villiers-sur-Marne, au mariage d'Adélaïde Lefevre, la fille aînée de sa femme, William est écuyer du Comte Delamarre, qui habite dans l'actuelle rue Cambon près de la Place Vendôme. Achille Joseph Delamarre, futur sénateur de la République, commandeur de la Légion d'Honneur.

Source : AD94 / Villiers-sur-Marne

William et sa femme embarquent ensuite pour l'Angleterre où nait à Brighton une deuxième Marie Cartwright en 1843. Ils sont ensuite de retour à Folembray jusqu'en 1859 où William est présent dans le comté de Surrey. Il décède en 1867 dans l'Aisne.

Source : AD02 / Folembray


mardi 27 novembre 2018

W comme Wabnitz

Ma grand-mère m’avait toujours parlé de ses cousines Anna et Herminie. Elles les avaient bien connues... en Normandie... Je m’étais toujours demandé comment elles s’étaient retrouvées toutes les deux à Vire, alors qu’elles étaient nées près de Bourdeaux, dans la Drôme.

Anna Escolle était née le 18 juin 1887, exactement le même jour que la mère de ma grand-mère, Lucie Chambon (voir O comme Orpheline). C’était sans doute pour cela qu’elles étaient si proches. Sa sœur Herminie est née deux ans plus tard. Sur son acte de naissance figure sa date de mariage, à Saint-Martin-de-Tallevende, dans le Calvados, avec Charles Wabnitz, en 1912.
  



Les deux filles sont nées dans la Drôme en 1887 et 1889 et ensuite la famille disparait. Le père s’appelle Calvin. Inutile de préciser la religion de la famille ! Et comme il était meunier, c’était évident qu’il allait déménager régulièrement. Et c’est le recensement militaire qui m’a bien aidé à le retrouver. Un document riche de renseignements.

Source : AD26 / Recensement militaire / classe 1879

Tout d’abord on découvre qu’il est décédé en 1905 à Grenoble. L’acte de décès nous apprend qu’il est veuf. Mais aucune trace de la mort de son épouse Anna Lienard dans les registres de la Préfecture de l’Isère.

Elle est probablement décédée à Saint-Egrève, puisqu’il est noté que le couple a habité dans cette ville en 1892. Et on y trouve en effet, et c’est une surprise, une autre naissance ! Anna et Herminie avaient eu une autre sœur dont ma grand-mère ne m’avait jamais parlé : Claudine Henriette née à Saint-Egrève le 5 avril 1892 ! Elle est décédée à Lyon en 1975. Les archives de Lyon sont en ligne, on accède facilement à cet acte de décès.

Et là c’est un témoin qui attire mon attention. Roger Doré est instituteur et habite à Vire. Il doit forcément y avoir un lien avec Herminie.

Une petite recherche dans la bibliothèque de Geneanet me fait aboutir sur "L’Ouest éclair" du 10 septembre 1937. Le journal rend compte des événements de l’état civil à Vire, et du mariage de Roger Doré, instituteur, avec Denise Wabnitz. La boucle est bouclée.

Source : "L’Ouest éclair" du 10 septembre 1937

Le Calvados a mis en ligne des registres assez récents, et je trouve le mariage en date du 4 septembre 1937. Denise Wabnitz est en effet la fille de Charles Wabnitz et de Herminie Escolle. La famille habite alors 14 rue de Valhérel, dans la ville, sur les bords de la Vire, au niveau de l’écluse.


lundi 26 novembre 2018

V comme Violoniste


25 juillet 1898, un citoyen américain est décoré de la Légion d’Honneur. Louis Planel est un célèbre compositeur de musique, violoniste, né à San Francisco. En 1922, il est même élevé au rang d’Officier de la Légion d’Honneur. 

Il est issu d’une famille de Dieulefit, dans la Drôme, famille qui a bien voyagé à travers le monde.

Son grand-père Antoine Louis Planel est négociant drapier, mais il joue de la musique. Tant et si bien qu’il décide de partir à l’étranger pour percer. On le retrouve d’abord en Espagne à l’été 1814, mais il revient à Dieulefit pour ensuite repartir en Amérique latine. Il est présent en Uruguay où nait son dernier fils, Frédéric, en 1822. Et toute la famille reste sur place 14 ans (selon Josette Cador, dans Racines Drômoises, 1er trimestre 2016) et rencontre de grands succès sur les scènes de Lima, Buenos Aires, ou encore Rio de Janeiro au début des années 1830. Mais en 1836, les Planel rentrent en Drôme. Les parents finissent leurs vies à Dieulefit.

Le fils aîné, Louis Théophile, virtuose du violon, après être passé par Calcutta, achète un château près de Montélimar. D’après le Dictionnaire biographique et biblioiconographique de la Drôme de Justin Brun-Durand, c’est grâce à un billet de loterie que Louis Théophile put acheter le château de Serre-de-Parc, à Savasse.

Dictionnaire biographique et biblioiconographique de la Drôme de Justin Brun-Durand 

 Source : Wikipedia

Marié le 14 mai 1838 à Paris avec Amélie Joséphine de Marcol, ils partent donc aux Etats-Unis. A New York puis à San Francisco, où il fonde un conservatoire de musique, et fit de nouveau fortune. Retour en France, il s’installe à Neuilly sur Seine, fait construire un manoir à Pléneuf-Val-André, dans les Côtes d’Armor.

Manoir Planel à Pléneuf-Val-André
Source : Service Régional de l'Inventaire de Bretagne

Frappé de surdité, un vrai drame pour un musicien, Louis Théophile Planel s’éteint à Neuilly-sur-Seine le 5 janvier 1889.

C’est son fils, peut-être fils adoptif d’ailleurs, qui est décoré de la Légion d’Honneur neuf ans plus tard. Il était marié avec une actrice, Mary Tekley, qui chantait également. Avec son mari au violon, ils ont fait des tournées en France et aux Etats-Unis. D’après le Los Angeles Herald en 1907, ils ont été "missionnés par le ministre des Beaux-Arts à Paris pour populariser la musique et la littérature françaises en Amérique".
  
 Source : Los Angeles Herald. 21 avril 1907


Joseph Louis Théophile Planel jouant Carmen. Enregistrement de la fin des années 1890 (a priori)

samedi 24 novembre 2018

U comme USA


Du Châtillonnais à l'Ohio.... en passant par l'Alsace !

Ce n'est pas le plus court chemin qu'emprunta la famille Verdin, et pourtant c'est bien le trajet qu'emprunta d'abord Nicolas puis les enfants de ce dernier.


Nicolas Verdin naquit le 26 février 1773 à Vanvey, tout près de Châtillon sur Seine. Petit fils de Claudine Bertrand, de la même famille dont on parlait hier. On le retrouve en Alsace, près de Strasbourg, à Marlenheim, à l'époque de la Révolution française. Il y décède le 28 mars 1819.

Source : AD67 / Registre des décès 1819 à Marlenheim

Il est cloutier et travaille le fer. Tout comme ses fils, plus tard, qui partirent dans la région de Cincinnati dans l'Ohio dans les années 1830. C'est là qu'ils s'implantèrent, y firent souche et y fondèrent la Verdin Company, fabriquant des horloges et des cloches, jusqu'à nos jours.