mercredi 14 juin 2017

L comme Léontine Arnaud, la marraine

Texte inspiré par la mémoire familiale.

Le 17 juin 1883 à Dieulefit, Emile Arnaud, 35 ans, vient déclarer la naissance d’une fille, de lui et de Marie Philomène Chalavan, 32 ans, son épouse. Il décide de l’appeler Léontine Emilie.

Acte de naissance de Léontine Emilie Arnaud. AD26. Dieulefit 1883.

Un personnage primordial dans la vie de la famille Cavet.

En 1899, Lucie Chambon arrivant de Bourdeaux, vient travailler à la fabrique de draps de Dieulefit. Elle a tout juste 13 ans. Orpheline, elle est recueillie par la sœur de sa mère, Emilie Gresse : Lucie Gresse, et son mari Joseph Gresse, qui était son cousin issu de germains.
Le couple avait bien imaginé que leur nièce épouserait un lointain cousin, qui était parti faire fortune dans les plantations d’orangers en Algérie. Mais Lucie avait rencontré Charles Cavet à l’usine de textile, et il n’y avait que lui qui comptait à ses yeux.

C’est également à l’usine que Lucie rencontre Léontine. Elles devinrent de très grandes amies, très proches, comme peuvent l’être deux sœurs. Et quand Albert Cavet nait en 1913, dans la maison de Charles et Lucie, au Savelas, c’est Léontine qui est choisie comme marraine.


Usine des Reymonds, en 1880. Photo tirée de Dieulefit de 1850 à 1940 (François Morin)


C’est de la que vient son surnom, et bien qu’elle n’ait eu qu’Albert comme filleul, tous les enfants de la famille la considéraient comme leur marraine, et tous les enfants du quartier l’appelaient ainsi.

1914, mobilisation générale. Charles part à la guerre. Une épicerie de la Place Châteauras est mise en vente. Madame Guinard, la propriétaire, pousse Lucie à reprendre le commerce. La jeune mère écrit alors son mari pour lui expliquer l’affaire. Et Charles de répondre qu’elle devait faire ce qu’elle pensait être bien : il pouvait être tué tous les jours au front.
C’est ainsi que Lucie, Léontine, et le petit Albert, emménagèrent ensemble dans une maison confortable, l’eau courante et l’électricité y étaient installés. Ces installations furent d’ailleurs inchangées jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

1918, fin de la guerre. Charles revient avec une blessure au nez. Son fil Albert ne le reconnait pas. Et c’est avec sa prime de démobilisation que Charles rachète à Madame Guinard l’épicerie. Après Albert, naquirent dans cette maison Pierre, Louis (décédé à l’âge de 3 ans), et Suzanne, ma grand-mère.


Pendant toute sa vie, Léontine soutint Lucie à l’épicerie, et s’occupa des enfants de son amie. Et quand Lucie s’éteignit en 1957, Léontine devint une grand-mère de substitution pour les petits-enfants de Lucie, jusqu’à sa mort en 1965.

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