Un couple séparé peu après la Grande Guerre ?
On reste en Lorraine pour évoquer aujourd’hui le destin
brisé de mes arrière-arrière-grands-parents. Du moins, c’est ce que j’ai pu en
déduire.
Quand j’ai commencé la généalogie, je me suis évidemment
intéressé à mes racines agnatiques, c’est-à-dire au père de mon père, et à son
père, etc. Avec un patronyme comme BOURGEOIS je me doutais que ça allait être
complexe, surtout en région parisienne, le nom faisant partie du top 100 des
noms de familles !
Je remontais malgré tout assez rapidement, en
fonctionnant "à l’ancienne" : soit en me rendant dans les
mairies directement, soit par courrier, ou même parfois par fax ! Une
autre époque ! Je parcourais aussi beaucoup les annuaires téléphoniques et
appelait au hasard. "Bonjour, auriez-vous un lien de parenté avec
Untel ? Oui ?! Oh mais alors nous sommes de la même famille". Et
c’est comme ça que j’ai parlé avec le dernier enfant d’Estelle DUCHEZ.
Marie Estelle DUCHEZ était née en 1876 à
Villers-la-Montagne, tout près de Longwy, on aura l’occasion de reparler de ce
secteur. Issue d’une famille de mineurs, des tissiers en toile, son plus ancien
ancêtre s’appelait Pierre DUCHEZ (1736-1761), fils de Joseph, dont on ne sait
rien, et de Barbe JAMINET (1701-1781).
Elle avait épousé Charles BOURGEOIS, né en 1870, aussi à
Villers-la-Montagne. On reviendra un peu plus tard sur
l’ascendance des BOURGEOIS. Charles et Estelle se sont mariés dans leur ville
de naissance le 18/08/1893. Ils y ont eu d’abord 5 enfants : Marguerite,
Cécile, Prosper (mon arrière-grand-père), Fernande et Yvonne. Et je pensais que
c’était tout ! Mais non !
La généalogie c’est parfois simple comme un coup de fil.
Ma grand-mère m’avait parlé d’un oncle de son mari, un certain Charles
BOURGEOIS qui habitait la région de Nancy. Mais d’après ce que j’avais trouvé à
Villers-la-Montagne, pas de Charles. Au début des années 2000, via les pages blanches, je suis tombé sur un Charles BOURGEOIS dans ce coin-là. L’octogénaire au bout du fil était le frère de mon
arrière-grand-père ! Incroyable ! Je pense lui avoir posé tout un tas
de questions improbables, sur ses parents, ses frères et sœurs. Lui était le
petit dernier de la famille, il était né en 1910 à Landres, et il y avait
encore une sœur, Marthe née en 1905 à Hussigny-Godbrange. Et c’est aussi grâce
à lui que j’ai appris les lieux de décès de ses parents. Et c’est ça qui est
étonnant.
Charles et Estelle avaient donc eu 7 enfants. Après la
guerre, Marguerite, l’aînée, est la première à quitter la Lorraine. Elle épousait à Paris en 1919 Julien MASSELIER (tombé au combat en 1944). Le reste de la famille habitait
alors à Jarville, en banlieue de Nancy, où on les trouve sur le recensement de 1921.
Source : Carte de Cassini. 142. [Nancy] (BNF)
Que se passe-t-il entre 1921 et 1922, année où certains BOURGEOIS sont en région parisienne ? Charles et
Estelle ne s’entendaient-ils plus ? Au point que l’une reste à Nancy et
l’autre rejoigne Paris ? Prosper et Fernande quittent la région avec leur
père à cette époque. On les retrouve aux confins de l’Ile de France, à Houdan.
C’est là que le frère et la sœur se marient, tandis que Charles termine sa vie
dans l’actuel Val d’Oise, à Ecouen, où vient alors habiter Charles, le dernier fils.
Source : Carte de Cassini. 1. [Paris] (BNF)
A son décès, en 1929, Charles père était pourtant
toujours marié avec Estelle DUCHEZ, mais le couple vivait séparé, à plus de 350
kilomètres l’un de l’autre.
Source : AM Ecouen
Estelle habite encore à Jarville. Elle était restée dans
sa région natale avec ses trois autres filles, Cécile, Yvonne et Marthe, toutes
trois mariées à Heillecourt entre 1922 et 1926. Et quelques mois après son
mari, Estelle décède à Jarville, en 1930.
Source : AM Jarville-la-Malgrange
Une brouille est-elle à l’origine de l’éclatement
géographique de la famille ?
Toujours est-il que les enfants du couple BOURGEOIS-DUCHEZ ont une descendance, d’un côté en région parisienne, de l’autre près de Nancy. Que sont devenus les dix enfants de Marthe, les DRIE ? Charles, que j’avais eu au téléphone à la fin des années 90, a donné son prénom à son fils, mais Charles, 3e du nom, a-t-il des enfants ? Et quid de Marcel BURGARD, le fils d’Yvonne, revenu à Nancy après s’être marié en Angleterre à la fin de la Seconde Guerre Mondiale ?
Les liens entre ces cousins proches,
parisiens et lorrains, se sont aujourd’hui distendus, probablement aussi en
raison de l’éloignement physique.
Oser décrocher son téléphone, ce billet est un encouragement à vaincre des hésitations.
RépondreSupprimer