Mais où sont-ils partis ? Quel plaisir quand on
tombe par hasard sur un individu dans une autre commune, alors qu’on ne savait
rien de lui. S’il ne se marie pas dans sa ville de naissance, il peut être
parti n’importe où ! C’était souvent le cas au XIXe siècle. Quand le petit
dernier de la famille montait à la grande ville pour réussir sa vie. Ou mourait
en tant que soldat sur des terres de conflits. Ou quand une des filles était
placée comme domestique, parfois à l’autre bout de la France. Et même parfois, elle
avait été mise enceinte, hors du mariage, et il lui fallait quitter ses parents
pour ne pas leur infliger une honte sociale, très mal vécue dans le village.
Et c’est évidemment plus ou moins difficile de les
retrouver, selon les époques et selon les régions. Les départs de Bourdeaux
répondent néanmoins à quelques habitudes. Assez peu vers l’Ouest de la France.
Quelques-uns, à peine une poignée, ont tenté l’aventure de l’autre côté de
l’Atlantique, mais ils n’étaient pas tellement tournés vers le grand large.
En général, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, on
allait dans les villages voisins, Crupies, Mornans, Dieulefit, ou alors dans
les villes moyennes les plus proches, Crest ou Montélimar. Et peu à peu, aux
XIXe et XXe siècles, on s’éloigne jusqu’à Lyon, Paris, ou Marseille, et même en
Algérie.
Prenons trois cas de porteurs du patronyme Cavet
illustrant cet isolement.
Charles Cavet est né à Aouste sur Sye en 1856. C’est une
commune située à côté de Crest, où son père Aimé, natif de Bourdeaux, était
venu s’installer en 1842 à son mariage avec la fille d’un tailleur. Pas de
mariage dans la ville, ni à Crest. Aucune trace. On le retrouve de l’autre côté
de la Méditerranée. Il habite Alger quand il décède en 1895 à Saint-Eugène,
actuelle commune de Bologhine. Il est célibataire, et capitaine au 1er régiment
de zouaves.
Source : Anom, Etat civil en ligne de l'Algérie. Commune de Saint-Eugène
Louis Alexandre Cavet est né à Bourdeaux en 1798. Il est
cultivateur dans le village d’origine de la famille quand il s’y marie en 1823.
Sa femme meurt l’année suivante après avoir mis au monde une petite fille qui
ne vécut que 18 mois. Et après, on perd la trace de Louis Alexandre. Ses deux
sœurs sont décédées en bas âge. Son père, Alexandre est mort en 1803, et quand
sa mère meurt en 1833 à Bourdeaux, il n’est pas là pour déclarer le décès à la
mairie. Trace perdue donc... jusqu’à son décès à Montboucher-sur-Jabron, juste à
côté de Montélimar, en 1871. Il était veuf une seconde fois, après un remariage
en 1827, à Condillac.
Enfin, Poncère Cavet. Né en 1831 à Bourdeaux, son père
est mort quand il avait 8 ans. C’est son frère Aimé, qui est parti à Aouste. Outre
un prénom assez étonnant, on perd sa trace au décès de sa mère, en 1876 à
Bourdeaux. Il habite alors le village et est clerc de notaire. Comment le
retrouver ensuite ? Le hasard… et quelques bases en ligne qui permettent
de résoudre des énigmes, parfois. Le recensement de Paris de Geneaservice le
donne habitant au 1 rue Borromée dans le XVe arrondissement en 1891. Et c’est
l’année suivante, alors qu’il est domestique au 107 rue Mademoiselle, qu’il
décède, mais dans le VIe arrondissement, à l’hôpital de la Charité.
Source : Etat civil en ligne AD75. VIe arrondissement
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