vendredi 23 juin 2017

T comme Tante Louise

L'en 1842 et le 11 du mois de février, à 9h du matin, par devant nous Jacques Claude François Combe, adjoint remplissant pour délégation de Monsieur le maire les fonctions d'officier de l'État civil de la commune de Dieulefit, canton de Dieulefit, département de la Drôme ; est comparu en la mairie le sieur Jean–Louis Cavet, âgé de 37 ans, propriétaire cultivateur, demeurant à Dieulefit. Lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, qu'il a déclaré être né le neuf de ce mois de février à 8h du soir, de lui déclarant, en sa maison d'habitation sise quartier des Hubacs et de son épouse Marie Magdeleine Reynier, âgée de 32 ans, et auquel il donne les prénoms de Marie-Louise. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sur Jean–Pierre Jean, âgé de 23 ans, maçon, et Simon Borel, âgé de 25 ans, cultivateur, demeurant à Dieulefit ; et après qu'il a été fait lecture au déclarant et aux témoins du présent acte de naissance, ils l'ont tous signé avec nous.

Voici la transcription de l'acte de naissance de celle qui allait devenir un personnage dans la famille Cavet, la tante Louise.



La cousine de ma grand-mère, Marcelle Buis, la petite-nièce de Louise Cavet, m’avait transmis un petit mot la concernant.

Quand ma grand-tante – la tante Louise – avait un moment, elle s'asseyait sur les marches de son escalier aux Hubacs, au soleil, elle lisait quelques passages de sa bible. Il est possible qu'elle ne possédait que ce livre. C'était son réconfort car elle était très pieuse. Elle ne manquait jamais l'office du dimanche à l'église méthodiste (bâtiment en face Bel le cordonnier actuellement). Le dimanche elle mettait un petit bonnet noir, en laine ou coton (suivant la saison) avec des cabochons, attaché sous le menton est toujours son petit sac à main : un petit panier en osier noir, avec un couvercle, qui devait contenir, je suppose, un mouchoir, quelques fleurs de lavande et bien sûr sa bible.
Comme elle vivait seul, elle a beaucoup aidé à élever ses neveux, dont mon père, et elle les faisait dormir dans son unique pièce puisque son frère (mon grand-père) n'en avait qu'une aussi avec ma grand-mère.
Pour Noël, c'est chez elle qu’avait lieu la fête : ce jour-là elle mettait une nappe blanche et même si le repas était très frugal, il y avait toujours un couvert pour une arrivée éventuelle qui était invité qu'il soit mendiant ou préfet !
Pour Noël c'était le seul jour où c'était ma grand-mère qui lisait la Bible. Les autres jours c'était les hommes, donc mon grand-père.
Puis les quatre garçons : Charles, Paul, Léon, Samuel, sont tous partis à la guerre de 14. Mais quelle joie de les voir revenir tous quatre, 4 ans après !
Il faut aussi se souvenir que son grand-père était revenu de la guerre d'Afrique car il était soutien de famille du fait que son père venait de mourir (juin 1870), (il avait passé 12 ans sous les drapeaux).


Il faut ajouter à cela quelques précisions de ma grand-mère à ce précieux document que m'a très gentiment prêté Marcelle. La tante Louise lisait la bible sans lunettes, ce qui était particulièrement remarquable vu son âge avancé. C'est tout à fait exact qu'elle ne manquait pas un dimanche à l'église, elle partait de la maison des Hubacs, et passait par la route de la montagne pour rejoindre le village. Elle emmenait toujours son sac à main et sa chaufferette, que nous avons encore.

Elle a élevé avec ses belles-sœurs, ses neveux, dans la maison des Hubacs, dans laquelle vivaient Louise, Charles et Frédéric. Ils vivaient en totale autarcie : ils possédaient des poules, des cochons, des lapins ; cultivaient des fruits : pêches, figues, raisins, abricots, cerises, pommes, poires, noix... ; Et aussi des légumes : asperges, haricots, betteraves, navets, carottes, pommes de terre, poireaux...

Charles eut 7 enfants, dont 4 parvinrent à l'âge adulte, et Frédéric en eut 7 aussi, et 6 furent adultes. Soit 10 enfants pour cette deuxième génération. A la génération suivante, 15 enfants et 11 vécurent. La quatrième en compte 19 (dont un mort à quelques mois).

La tante Louise ne se maria pas. Elle préféra être la « mère » de ses neveux et de ses nièces. Une véritable matriarche dans la vie de ses frères, ses neveux, sa nièce, ses petits-neveux, ses petites-nièces. Elle connut même son arrière-petite-nièce, Andrée Magnan, née le 28 octobre 1934.

Elle marqua la vie de toute une famille dont les descendants parlent encore de la Tante Louise comme une femme exceptionnelle. Elle aimait ses neveux, Charles et Paul, et leur offrit une partie de l'héritage de ses parents : chacun reçut la moitié du champ appelé « le Gué », dans les Hubacs.

Le 24 décembre 1932 à Dieulefit, alors qu'il rentrait chez lui après avoir dîné chez sa petite-fille France, Frédéric Cavet, 79 ans, tomba dans la rivière, et mourut. Moins de deux ans plus tard c'est au tour de Charles, 87 ans, de mourir, le 4 novembre 1934 aux Hubacs. Et Louise, mourut, comme sa mère à 90 ans, un an après son frère, le 30 novembre 1935 à l'hôpital de Dieulefit, à 10 heures. C'est Charles Cavet, son neveu, l’épicier, qui déclare le décès 1h30 plus tard.



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