L'en
1842 et le 11 du mois de février, à 9h du matin, par devant nous Jacques Claude
François Combe, adjoint remplissant pour délégation de Monsieur le maire les
fonctions d'officier de l'État civil de la commune de Dieulefit, canton de
Dieulefit, département de la Drôme ; est comparu en la mairie le sieur
Jean–Louis Cavet, âgé de 37 ans, propriétaire cultivateur, demeurant à
Dieulefit. Lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, qu'il a déclaré
être né le neuf de ce mois de février à 8h du soir, de lui déclarant, en sa
maison d'habitation sise quartier des Hubacs et de son épouse Marie Magdeleine
Reynier, âgée de 32 ans, et auquel il donne les prénoms de Marie-Louise.
Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sur Jean–Pierre
Jean, âgé de 23 ans, maçon, et Simon Borel, âgé de 25 ans, cultivateur,
demeurant à Dieulefit ; et après qu'il a été fait lecture au déclarant et aux
témoins du présent acte de naissance, ils l'ont tous signé avec nous.
Voici
la transcription de l'acte de naissance de celle qui allait devenir un
personnage dans la famille Cavet, la tante Louise.
La
cousine de ma grand-mère, Marcelle Buis, la petite-nièce de Louise Cavet,
m’avait transmis un petit mot la concernant.
Quand
ma grand-tante – la tante Louise – avait un moment, elle s'asseyait sur les
marches de son escalier aux Hubacs, au soleil, elle lisait quelques passages de
sa bible. Il est possible qu'elle ne possédait que ce livre. C'était son
réconfort car elle était très pieuse. Elle ne manquait jamais l'office du
dimanche à l'église méthodiste (bâtiment en face Bel le cordonnier
actuellement). Le dimanche elle mettait un petit bonnet noir, en laine ou coton
(suivant la saison) avec des cabochons, attaché sous le menton est toujours son
petit sac à main : un petit panier en osier noir, avec un couvercle, qui devait
contenir, je suppose, un mouchoir, quelques fleurs de lavande et bien sûr sa
bible.
Comme
elle vivait seul, elle a beaucoup aidé à élever ses neveux, dont mon père, et
elle les faisait dormir dans son unique pièce puisque son frère (mon
grand-père) n'en avait qu'une aussi avec ma grand-mère.
Pour
Noël, c'est chez elle qu’avait lieu la fête : ce jour-là elle mettait une nappe
blanche et même si le repas était très frugal, il y avait toujours un couvert
pour une arrivée éventuelle qui était invité qu'il soit mendiant ou préfet !
Pour
Noël c'était le seul jour où c'était ma grand-mère qui lisait la Bible. Les
autres jours c'était les hommes, donc mon grand-père.
Puis
les quatre garçons : Charles, Paul, Léon, Samuel, sont tous partis à la guerre
de 14. Mais quelle joie de les voir revenir tous quatre, 4 ans après !
Il
faut aussi se souvenir que son grand-père était revenu de la guerre d'Afrique
car il était soutien de famille du fait que son père venait de mourir (juin
1870), (il avait passé 12 ans sous les drapeaux).
Il
faut ajouter à cela quelques précisions de ma grand-mère à ce précieux document
que m'a très gentiment prêté Marcelle. La tante Louise lisait la bible sans
lunettes, ce qui était particulièrement remarquable vu son âge avancé. C'est
tout à fait exact qu'elle ne manquait pas un dimanche à l'église, elle partait
de la maison des Hubacs, et passait par la route de la montagne pour rejoindre
le village. Elle emmenait toujours son sac à main et sa chaufferette, que nous
avons encore.
Elle
a élevé avec ses belles-sœurs, ses neveux, dans la maison des Hubacs, dans
laquelle vivaient Louise, Charles et Frédéric. Ils vivaient en totale autarcie :
ils possédaient des poules, des cochons, des lapins ; cultivaient des fruits :
pêches, figues, raisins, abricots, cerises, pommes, poires, noix... ; Et aussi
des légumes : asperges, haricots, betteraves, navets, carottes, pommes de
terre, poireaux...
Charles
eut 7 enfants, dont 4 parvinrent à l'âge adulte, et Frédéric en eut 7 aussi, et
6 furent adultes. Soit 10 enfants pour cette deuxième génération. A la
génération suivante, 15 enfants et 11 vécurent. La quatrième en compte 19 (dont
un mort à quelques mois).
La
tante Louise ne se maria pas. Elle préféra être la « mère » de ses neveux et de
ses nièces. Une véritable matriarche dans la vie de ses frères, ses neveux, sa
nièce, ses petits-neveux, ses petites-nièces. Elle connut même son
arrière-petite-nièce, Andrée Magnan, née le 28 octobre 1934.
Elle
marqua la vie de toute une famille dont les descendants parlent encore de la
Tante Louise comme une femme exceptionnelle. Elle aimait ses neveux, Charles et
Paul, et leur offrit une partie de l'héritage de ses parents : chacun reçut la
moitié du champ appelé « le Gué », dans les Hubacs.
Le 24
décembre 1932 à Dieulefit, alors qu'il rentrait chez lui après avoir dîné chez
sa petite-fille France, Frédéric Cavet, 79 ans, tomba dans la rivière, et
mourut. Moins de deux ans plus tard c'est au tour de Charles, 87 ans, de
mourir, le 4 novembre 1934 aux Hubacs. Et Louise, mourut, comme sa mère à 90
ans, un an après son frère, le 30 novembre 1935 à l'hôpital de Dieulefit, à 10
heures. C'est Charles Cavet, son neveu, l’épicier, qui déclare le décès 1h30
plus tard.
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